vendredi 6 mai 2016

Pradines, 6 mai 2016

"Hé oui ! ma chère mère… Cela t’épate, ma Lilette. Je ne t’avais encore jamais appelée comme ça. C’est peut-être pour cette raison que tu tenais tellement à m’envoyer à l’étude du soir. Pour qu’un jour, je t’envoie une lettre, une longue lettre commençant par : « Ma chère mère… »
Maintenant, tu dois te demander ce qu’il m’arrive, qu’est-ce qui me prend de t’écrire ? Cela n’a jamais été le genre de la famille de passer aux aveux, de dire les choses tout simplement. Dans notre cabane à Châteauroux, notre grotte, c’était plutôt la loi du silence. Un silence bruyant ! Parce que ça gueulait tout le temps.
J’ai d’abord appris à crier avant de savoir parler. A tel point que lorsque je pense à vous, j’entends des cris. Des cris de toutes les couleurs. De joie, de colère, de souffrance aussi…
Mais d’abord, j’aimerais te faire une drôle de confidence : j’ai toujours trouvé que tu ressemblais à une vache. Oui, ma Lilette, tu ressembles à une vache. Te vexe pas, c’est très bien une vache. C’est le lait, la viande, le sang… Mais pour moi, surtout, c’est l’immobilité, une inertie chaude et rassurante, un certain fatalisme. Alors, évidemment, je songe à toi. A ta placidité, ta résignation.... "


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